La confrérie des Enlumineurs La confrérie des Enlumineurs

La Confrérie des Enlumineurs.

Virginie habitait une petite maison en bois sur les bords de Loire. Ô rien de bien folichon ; une petite cabane de joie de tendresse et d’évasion. Elle s’était retirée du monde depuis bien des années maintenant, depuis qu’elle avait été agressée par des brigands des lâches et des sans âme. Etrangement, elle n’avait pas de rancœur et ne ruminait aucune haine des hommes, elle savait que la haine ne mène qu’à la violence et la violence à la mort, à la nuit, au gel de soi. Mais elle avait en elle un énorme chagrin. Elle avait donc décidé de se retirer de la civilisation pour se rapprocher de Mère Nature, regoûter aux saveurs authentiques, à la douceur des aurores, à la caresse du vent, au chant de l’eau qui à la nuit tombante chante la lune et les étoiles. Elle était partie avec son violon, quelques robes, le petit linge, mais aussi les livres qui avaient bercé son enfance, qui parlaient de dragons de combats héroïques, de lutins et de fées, enrubannés de mystère de magie et de poésie. Tout un monde onirique auquel elle devait sa survie. Le rêve et l’évasion avaient été son salut et elle devait bien à ces quelques livres noircis et colorés d’histoires de les emporter loin du brouhaha des villes.
Elle s’était avec le temps aménagée un petit potager et elle aimait chaque matin venir parler à ses légumes, ses fruits, ses arbres ; aux herbes folles qui chantent la Loire sauvage, aux feuilles qui frissonnent et aux pierres qui l’invitent à s’asseoir à contempler et à chanter la Vie. A célébrer et à invoquer Dieu les anges et les esprits, pour que plus jamais ne règnent sur cette terre la haine la guerre et le mépris.

Un soir, alors qu’elle était en train de jouer au bord de l’eau, remerciant la voûte céleste de sa douce présence, elle vit apparaître de l’autre côté de la berge un génie. D’où était-il venu ? Il n’y avait pas ici de lampe d’Aladin et bien que Virginie se perdait bien souvent dans ses mondes intérieurs où la magie et la féérie se côtoient, elle n’en restait pas moins sur terre quand il s’agissait d’ouvrir à nouveau les yeux. Il faut dire que son éducation était de celles qui renient l’invisible le mystérieux et la magie et que seuls le tangible et le palpable font office de loi.
Elle frotta par deux fois ses paupières, contempla les alentours pour vérifier s’il ne se cachaient pas derrière quelques buissons de mauvais garnements, regarda à nouveau de l’autre côté de la rivière. Non. Le génie était bien là. Elle fixa alors son regard sur le sien et après quelques instants où le temps parut s’arrêter, le génie tint ses mots :

« Virginie. Je n’ai que quelques secondes avant de disparaître. Ce que tu aperçois au-delà de la rivière n’est que le reflet de tes pensées. Je suis parce que tu veux que j’existe. Je suis né parce que tu m’as créé. Mais je ne peux aujourd’hui rester au fond de ton crâne parce que tu ne m’entends pas. Il est temps pour toi de retourner parmi les Hommes, il est temps pour toi de ne plus te renier. La nature le vent et les étoiles ont toujours été là et le seront toujours. Et bien que souvent plus difficile à entendre dans le brouhaha des villes, l’oiseau chante toujours la Vie et l’aurore renait chaque matin. Souviens-toi, lorsque tes jours seront plus sombres, souviens-toi de regarder le ciel. Mais il est temps. Il est temps pour toi d’aller de par le monde et d’oser ta différence. Il est temps pour toi d’oser être porteuse d’étoiles et danseuse de lune, semeuse de songes et alchimiste, changeant le sombre en lumineux. Oui, va enluminer ce monde et fais-toi des amis. Nombre d’hommes et de femmes sont aujourd’hui en chemin et en quête d’une unité. Retrouvez-vous, vous vous reconnaîtrez. Soyez des enlumineurs, des jongleurs de poésie, des funambules du vivant, des rallumeurs de petits lampions dans les jardins du monde. Il est temps d’aller maintenant ; la terre au loin gronde et personne ne l’entend. Enlumine ce monde Virginie, enlumine ce monde. Enlumine, enlumine …".
le génie disparut.

Ce jour-là, Virginie prit son baluchon, y mit quelques poussières d’étoiles, quelques pincées de lune, une touche de merveilleux, quelques caresses de vent, la sagesse de Mère Nature, un soupçon d’innocence. La brume remontait les eaux de la rivière, recouvrant peu à peu les alentours. Elle emporta le pas de Virginie.

Quelque temps plus tard, un bruit se répandit à travers les champs les forêts et les villes. ; une nouvelle confrérie venait de naître au monde : Les Enlumineurs.

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